Publié le 24 octobre 2025

L’Éducation ne sera jamais une variable d’ajustement !

Le projet de loi de finances pour 2026 présente le budget de l’Éducation nationale sous un jour favorable : 64,5 milliards d’euros, soit une augmentation de 200 millions d’euros. Pourtant, une lecture attentive des chiffres révèle une réalité bien différente : une politique qui sacrifie les moyens d’enseignement au nom de la baisse démographique.​

Selon les chiffres officiels de Bercy, 4 018 postes d’enseignants titulaires (ETP) seront supprimés dans le budget 2026. Cette réduction se répartit entre 1 891 postes dans le premier degré, 1 365 dans le second degré et 762 dans l’enseignement privé. Édouard Geffray, ministre de l’Éducation nationale, justifie ces suppressions par un effondrement démographique. Cette explication ne résiste pas à l’analyse.​

La réforme des concours de l’enseignement : des créations de postes en trompe-l’œil

La réforme de la formation MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), qui déplace le concours de recrutement du niveau bac+5 au bac+3, nécessite la création de 7 938 emplois nouveaux ETP. Ces postes correspondent aux futurs enseignants en cours de formation : 3 506 dans le premier degré, 3 424 dans le second degré, 818 dans le privé et 190 postes de CPE stagiaires. Ces professeurs stagiaires ne seront pas devant les élèves pendant leur première année de master, ce qui explique le solde positif de créations de postes affichés tout en réduisant massivement les effectifs enseignants réels en classe.

La situation des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) est tout aussi préoccupante : seulement 1 200 postes sont prévus à l’ouverture en 2026 contre 2000 en 2025, soit une baisse de 800 postes. Pour rappel, à la rentrée 2025, une baisse importante des postes d’AESH avait déjà eu lieu, mettant en péril la scolarité d’un grand nombre d’enfants en situation de handicap. Un schéma éducatif austère que l’on retrouve, finalement, depuis plusieurs années.

Des choix budgétaires en décalage avec les besoins du terrain

Le gouvernement justifie ces suppressions par la baisse démographique à venir, une diminution qu’il évalue de 150 000 à 180 000 élèves par an entre 2026 et 2028. Pourtant, cette tendance aurait pu être une opportunité historique pour renforcer l’encadrement, réduire la taille des classes et diminuer le recours massif aux contractuels. De plus, ces chiffres sont à nuancer : entre 2017 et 2023, la France a connu une hausse de 8 000 élèves, tout en supprimant 8 000 postes d’enseignants. Cette logique de compression continue alors même que le système éducatif souffre d’un manque criant de moyens humains et matériels. 

Alors que les effectifs enseignants diminuent, le budget révèle d’autres arbitrages contestables. Entre 2017 et 2025, le nombre d’inspecteurs a augmenté de 200 postes, renforçant les fonctions de pilotage au sein des rectorats. Parallèlement, les effectifs administratifs diminuent, tandis que le réseau Canopé, opérateur public de formation et de ressources pédagogiques, subit des coupes budgétaires importantes et des suppressions d’emplois.​

Une occasion manquée de repenser l’investissement éducatif

Le message envoyé, une nouvelle fois, au personnel de l’Éducation nationale est grave, ils doivent encore et toujours faire plus et mieux avec une diminution des moyens d’action. À l’échelle européenne, le système éducatif français reste reconnu pour ses qualités, mais en comparaison, l’investissement par élève en France n’est que de 2551 euros, contre 4550 euros en Espagne et 5063 euros en Allemagne.

Plutôt que d’utiliser la baisse démographique comme un levier budgétaire pour supprimer des postes, le gouvernement pourrait saisir cette occasion unique pour améliorer l’encadrement des élèves, réduire les effectifs par classe, diminuer le nombre de contractuels et rattraper le retard français en matière d’investissement éducatif. Les recherches montrent que la réduction des effectifs par classe s’accompagne d’une amélioration du niveau scolaire, particulièrement pour les élèves issus des milieux les moins favorisés.​

Face à ces choix, il est urgent de rappeler que la réussite de nos élèves n’est pas une variable d’ajustement, elle n’est pas négociable. Les ajustements budgétaires, loin de renforcer notre système éducatif, perpétuent une logique de restriction budgétaire qui hypothèque l’avenir de nos enfants. L’éducation reste le socle de notre République. Pour entretenir cette dernière, il est de notre devoir d’allouer des moyens suffisants à l’Éducation nationale.